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Des collaborateurs de l’ancienne entreprise fédérale des Postes, Téléphones et Télégraphes (PTT) racontent avec passion leur quotidien professionnel.

Ce site web ne sera plus mis à jour. Vous trouverez de nouveaux contenus du domaine de l'histoire orale sur le portail en ligne des archives des PTT à partir de 2024.


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les PTT

Des collaborateurs de l’ancienne entreprise fédérale des Postes, Téléphones et Télégraphes (PTT) racontent avec passion leur quotidien professionnel.

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Radio-pirates – de l'illégalité grisante à la radio commerciale

Jusqu’au milieu des années 1980, le département de surveillance radio des entreprises de poste, de téléphone et de télégraphe (PTT) a traqué les stations de radio illégales. Les pirates de la radio diffusaient leurs propres contenus et de la musique qu’ils aimaient sur les fréquences FM libres. Un contenu que la Société suisse de radio et télévision (SSR) ne diffusait pas.

De plus, la SSR était et reste attachée à la neutralité politique : dans les années 1970, elle suivait toutefois un idéal plutôt conservateur et, sur le plan musical, on entendait surtout du yodel, de la musique sacrée ou du Schlager. Or, pendant ce temps, la musique internationale connut une véritable révolution à partir des années 1950 et surtout dans les années 1980, avec le rock, le punk et la pop. Les jeunes en particulier ont suivi avec enthousiasme les nombreux groupes et les grandes stars du rock.


Certains se sont mis à partager sur leurs propres stations de radio la musique qu’ils appréciaient lors de concerts et sur des LP. Il suffisait d’un petit émetteur pour que les producteurs de radio illégaux atteignent rapidement un vaste public. Avec leurs récepteurs radio traditionnels, les auditeurs intéressés pouvaient passer aux fréquences annoncées à l’avance, chez eux ou en voiture, et écouter les programmes des pirates. Les jeunes, en particulier, se sont immédiatement enthousiasmés par la nouvelle musique et les formats de conversation divertissants.


Sur les récepteurs légaux, les auditeurs intéressés n’avaient plus qu’à changer de fréquence de réception, et les pirates pouvaient se faire entendre. Leurs appareils, les émetteurs, ont été acquis sans concession et assemblés manuellement pour former de petites stations FM portables. Ils travaillent avec des batteries de voiture – des connaissances avec des collaborateurs des transports publics zurichois VBZ ont même apporté des batteries de bus au rebut, mais toujours plus performantes – avec des émetteurs dans des boîtes de biscuits et des antennes portables. Les pirates enregistraient leur programme sur des cassettes, ils se rendaient ensuite vers un point de vue surélevé et diffusaient leur émission depuis là.

Émetteur d'une radio-pirate

Il s’agit d’un émetteur FM équipé d’un magnétophone et camouflé dans une boîte de biscuits, avec interrupteur à bascule pour le fonctionnement manuel/automatique, prise de raccordement d’antenne et pinces pour le raccordement à une batterie de voiture. Source : Musée de la communication, Berne, 9801 A 0016

Sur les récepteurs légaux, les auditeurs intéressés n’avaient plus qu’à changer de fréquence de réception, et les pirates pouvaient se faire entendre. Leurs appareils, les émetteurs, ont été acquis sans concession et assemblés manuellement pour former de petites stations FM portables. Ils travaillent avec des batteries de voiture – des connaissances avec des collaborateurs des transports publics zurichois VBZ ont même apporté des batteries de bus au rebut, mais toujours plus performantes – avec des émetteurs dans des boîtes de biscuits et des antennes portables. Les pirates enregistraient leur programme sur des cassettes, ils se rendaient ensuite vers un point de vue surélevé et diffusaient leur émission depuis là.

Les entités autorisées à exploiter les radiocommunications et les installations radio en Suisse étaient clairement définies depuis les années 1930 : les PTT entretenaient à elles seules des installations émettrices afin que la couverture médiatique soit assurée dans toute la Suisse par la Société suisse de radiodiffusion (SSR). La suprématie de la radio était sous sa surveillance : les brouilleurs d’émission devaient être supprimés – et c’était précisément la mission des surveillants des PTT.


Avec force contre les pirates

En coopération avec l’armée, le département a été créé dans les années 1950. En raison de l’importance militaire de la radio et de la radio-communication, l’armée avait quelques spécialistes en radio. Les échanges de lettres entre la surveillance radio des PTT et les services compétents du Département militaire fédéral (DMF) témoignent d’un échange intense.


Grâce à ce savoir-faire, les PTT traquaient désormais les stations de radio illégales. Les émetteurs-pirates étaient des émetteurs radio qui émettaient sans concession, c’est-à-dire sans autorisation, et donc contrevenaient à la législation et à l’espace radio fédéral. Les radioamateurs qui jouaient avec des appareils radio non enregistrés ou non autorisés, ou les entreprises de taxis qui utilisaient les sept appareils radio autorisés pour communiquer au lieu des cinq, ont été traqués par les PTT de la même manière que les jeunes parents qui achetaient chez leur revendeur d’électronique un baby phone qui n’était pas autorisé en Suisse. (voir le billet de blog « baby phones, radios et présentateurs radio ») en allemand

Véhicule de contrôle de la surveillance radio

Les PTT ont utilisé le véhicule de contrôle non seulement pour suivre les émetteurs illégaux, mais aussi pour mesurer la qualité de la réception. Source : Musée de la communication, Berne, FFF 11610.

Les stations de radio illégales étaient un véritable problème pour les PTT. Partant de leurs sites de radio-surveillance, qui, comme l’infrastructure émettrice, étaient répartis dans toute la Suisse, ils ont commencé à rechercher les pirates à l’aide de véhicules de repérage et parfois accompagnés de la police. Les PTT ont équipé leurs véhicules de contrôle d’appareils de mesure sophistiqués afin de pouvoir localiser les émetteurs le plus rapidement possible et avec précision. Pour passer inaperçus, les PTT ont remplacé les minibus équipés d’un mât de réception sur le toit par des voitures camouflées, parfois même des voitures de sport.

Mais les pirates étaient eux aussi bien préparés : s’ils remarquaient des véhicules de contrôle PTT s’approchant, ils pouvaient éteindre leur émetteur, le cacher et s’échapper. Pourtant, les gardiens du monopole ont parfois réussi : ils ont pu subtiliser plusieurs fois des appareils de « Radio City ».


À l’époque, les PTT ne s’exprimaient pas sur les contenus des programmes des pirates. Rétrospectivement, l’ancien détective radio Martin Egold nous a dit qu’il aimait vraiment entendre les contenus des pirates. Mais le mandat légal était clair : il s’agissait de supprimer entièrement les chaînes illégales. Comme les PTT l’ont annoncé dans un communiqué de presse, l’affaire était sérieuse, certainement pas des histoires divertissantes de « gendarmes et de voleurs ». Alors que la « lutte » contre les pirates était déclarée au début par la nécessité de libérer les fréquences radio en cas de guerre, à la fin des années 1970, les PTT justifiaient leur action s par le fait que le « libre-serviceentraînerait inévitablement le chaos dans notre [...] espace. »


Les PTT, un obstacle dont on s’amusait

Les pirates de la radio ne se laissèrent pas déconcerter. À Zurich, ce sont les « Wellenhexen » (sorcières des ondes) qui ont été les premières à diffuser leur programme à plusieurs reprises en 1975. Seules des femmes étaient présentes sur la station : le féminisme était sur le devant de la scène. Elles parlaient par exemple ouvertement de menstruations, rompant ainsi radicalement avec les conventions sociales de l’époque. La NZZ décrivait cela comme « une séance de bavardage [...], qui portait surtout sur les problèmes de femmes ». D’autre part, il y avait aussi des radios qui se concentraient sur la diffusion de musique.


Dès 1979, la chaîne Radio 24 de Roger Schawinski s’est engagée pour une attribution contrôlée des fréquences et contre le monopole légal de la SSR et des PTT. Ce journaliste dynamique a profité de la législation radio libérale italienne pour construire une station FM performante en direction de Zurich sur le Pizzo Groppera, une montagne à la frontière suisse. Les ondes FM ont atteint la ville de la Limmat par une tranchée dans les sommets alpins. Les PTT étaient impuissantes, la station émettrice n’étant pas située en Suisse. L’émetteur de Schawinski, qui n’a pas pu être déconnecté par les PTT, a séduit un large public.


Les pirates du mouvement de jeunesse ont profité de la popularité de « Radio 24 » autour des Opernhauskrawalle (Émeutes de l’Opéra) des années 1980. L’émetteur de Schawinski était certes suffisamment puissant pour traverser les Alpes et être bien audible à Zurich, mais ceux qui émettaient en ville pouvait surpasser le signal. Les radios activistes savaient très bien que pendant la période des Émeutes de l’Opéra durant l’été 1980, certaines citadines appréciaient le programme léger de « Radio 24 » lorsqu’elles diffusaientleurs propres émissions sur d’autres fréquences sur la chaîne populaire italienne. Les émissions créatives et décontractées de « Radio Banana » ont vu le jour au cours d’un dîner entre amis : des bavardages amusants, des réflexions politiques sur les revendications d’espaces libres et des alternatives à la grisaille de Zurich des années 1970 ont été au cœur de ces brèves émissions de radio, tout comme la musique la plus récente. L’enregistrement des cassettes et le montage constituaient une activité plaisante et un travail politique qui, outre la multitude de journaux et de magazines, était un élément important du patrimoine culturel du mouvement de la jeunesse.


La pression politique exercée par les auditrices et auditeurs de Radio 24 a ouvert la voie à la libéralisation. Après plusieurs allers-retours entre le ministre des Postes italien et le Conseil fédéral, après plusieurs coupures de l’émetteur sur le Pizzo Groppera par les autorités italiennes et de grandes protestations à Zurich et dans le studio italien au pied de l’émetteur alpin, la Suisse a entamé un assouplissement de la législation. La libéralisation a permis aux radios privées d’obtenir des concessions et d’émettre légalement – la SSR a réagi avec le programme de radio de musique pop de DRS 3 afin de regagner une partie du public. Les radios commerciales privées étaient financées par la publicité. Peu d’entre elles ont survécu à long terme. Les petites stations, principalement activistes, ont majoritairement disparues, mais la radio locale zurichoise « Radio LoRa » est un témoin vivant de cette époque.


Des parties de ce texte ont été publiées sur le blog du Musée de la communication en allemand.

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Christoph Schuler:

Un émetteur de la taille d'un magnétophone - et hop, on pouvait diffuser la radio.

Radio-pirates

L’ouverture aux femmes de la carrière de cadre

En 1971, la direction générale décide d’ouvrir la carrière de cadre aux femmes. Les PTT font ainsi un premier pas vers l’égalité entre les hommes et les femmes. Cependant, le chemin est tout sauf facile.

Jusqu’aux années 1970, les hommes ont un monopole pratiquement incontesté sur la plupart des domaines professionnels des PTT. Seuls de rares tâches sont laissées aux femmes. La profession de téléphoniste ou, plus tard, de codeuse, par exemple, est réservée aux femmes exclusivement. Cependant, ces métiers n’offrent guère de possibilités d’avancement. Et ce n’est pas tout: les femmes salariées doivent renoncer à leur emploi dès qu’elles se marient.Ce n’est que dans des cas exceptionnels que les femmes continuent à travailler avec le consentement de leur mari.

En période de crise économique, la séparation professionnelle entre les sexes commence cependant à s’estomper. Alors que les hommes sont mobilisés pour le service actif pendant les deux guerres mondiales, les femmes reprennent leurs activités. La catégorie professionnelle de «dame-aide» est alors créée.Pour la plupart des femmes, cependant, leur emploi est resté temporaire, les hommes retournant à leur poste après la mobilisation.

Formulaire «Autoristation et engagement en faveur de personnes mineures», 1919

En 1919, un mari autorise sa femme à entrer en service à la poste. À l’origine, le formulaire était destiné au recrutement de mineurs.

Au milieu des années 60, la Suisse vie une pénurie de main-d’œuvre.Dans les villes, la situation des PTT devient particulièrement aiguë car les entreprises privées sont en concurrence avec des salaires plus élevés.Les PTT s’appuient donc de plus en plus sur des travailleuses, même pour des tâches qui étaient auparavant l’apanage des hommes. Cependant, cette approche se heurte à la résistance des hommes. Les pères de famille craignent la concurrence des jeunes femmes célibataires qui n’ont pas de famille à charge. Les syndicats soutiennent également que les femmes ne devraient être employées qu’à titre temporaire. Partout où les deux sexes se rencontrent, des conflits surgissent. Les représentants du personnel suggèrent donc que les femmes assument les emplois très simples afin que les travailleurs masculins puissent être employés pour des travaux plus qualifiés.Au lieu de devenir des concurrents, une division du travail spécifique au sexe doit être maintenue. Toutefois, la pénurie de personnel se poursuit, en partie à cause de la politique d’immigration restrictive de la Suisse. Dans ces circonstances, les femmes font des incursions dans des domaines professionnels autrefois dominés par les hommes.

Le 1er janvier 1971, les PTT révisent leur règlement de promotion. Les parcours de carrière deviennent plus perméables et la politique du personnel plus souple. Les carrières des fonctionnaires en uniforme et fonctionnaires diplômés, auparavant réservées aux hommes, sont désormais également ouvertes aux femmes. Cela signifie que, pour la première fois, les femmes peuvent faire carrière et devenir cadres. Le passage de fonctionnaire en uniforme à fonctionnaire diplômé est également rendu possible. La dame-aide devient l’assistante.

En 1977, les PTT adoptent le principe suivant dans leurs lignes directrices de politique d’entreprise: «À formation égale, travail égal et responsabilité égale, hommes et femmes doivent être placés sur un pied d’égalité». Ainsi, les PTT donnent l’exemple contre la discrimination salariale.Le vrai problème, cependant, est que les femmes ont du mal à obtenir un travail et des responsabilités égales. Surtout dans des domaines prestigieux, comme la poste ferroviaire, les hommes défendent leur domaine par tous les moyens. Seules quelques femmes parviennent à gravir les échelons de la hiérarchie. Ainsi, en 1991, les PTT ont une nouvelle fois pris des mesures pour promouvoir leurs employées avec des moyens supplémentaires. Le programme «Passer des paroles aux actes» vise à augmenter le quota de femmes dans tous les domaines.

Malgré l’ouverture de carrière de cadre et les programmes de promotion des femmes, les femmes occupant des postes de haut niveau sont restées une minorité flagrante jusqu’à la fin des PTT. Un regard sur les statistiques du personnel le montre: même après plus de deux décennies, les femmes sont toujours majoritairement représentées dans les catégories salariales inférieures.

Les femmes travaillaient principalement dans les classes salariales inférieures. Seules quatre femmes se trouvent dans les classes de salaire 4 et 5.

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Hanna Weiersmüller:

Nous représentions un danger pour les pères de famille

Femmes cadres

Logistique postale

Le 1er janvier 1849, les administrations postales cantonales fusionnent pour former la Poste fédérale. Dès lors, elle organise la distribution de lettres et de colis en Suisse et à l’étranger. Cette tâche essentielle demeure à ce jour. Toutefois, sa mise en œuvre concrète est soumise à des changements constants. Les nouvelles technologies et la pression économique poussent constamment la Poste à s’adapter et à se réorganiser

La création de La Poste fédérale a eu lieu à une époque connue dans l’histoire contemporaine comme la «révolution des transports». En Amérique du Nord et en Europe, les nouvelles technologies révolutionnent le transport maritime et font apparaître le chemin de fer. À partir de 1853, la Poste a également transféré ses voies de transport vers le chemin de fer. En 1857, elle crée le service postal ferroviaire pour trier le courrier dans les trains déjà. Cela permet de raccourcir et de réduire le coût d’envoi des lettres. La rédaction de lettres devient abordable pour l’ensemble de la population, et le volume des lettres est multiplié par 20 entre 1850 et 1910. Au cours du 20e siècle, le travail exigeant des «postiers ferroviaires» devient l’épine dorsale de la logistique postale et sert de tremplin à la carrière du cadre. Le poste ferroviaire reste en service jusqu’en 2004.

Mais certaines innovations technologiques se soldèrent également par un échec. À maintes reprises, des projets prometteurs échouèrent en raison de leur mise en œuvre ou de leur coût élevé. Prenons l’exemple de la poste par voie aérienne: dès 1913, des avions ont commencé à distribuer des lettres entre les villes suisses. En 1919, la distribution régulière du courrier par voie aérienne a même pu être établie entre Zurich, Berne, Lausanne et Genève en coopération avec l’administration militaire. Cependant, le projet n’a pas apporté de gain de temps décisif ni de revenus nécessaires et a été interrompu la même année. Ce n’est que quelques années plus tard que le courrier aérien prend de plus en plus d’importance, mais au niveau international. Encore plus révolutionnaires: les tentatives de distribution du courrier au moyen de fusées. Entre 1935 et 1961, des tests correspondants sont effectués en Suisse. Cependant, les missiles s’avèrent trop imprécis et trop dangereux, ce qui explique que la fusée postale n’a jamais été utilisée!

Le bureau postal ambulant

Pendant longtemps, la poste ferroviaire a été considérée comme l’épine dorsale de la logistique postale suisse. Le courrier pré-trié est chargé dans les gares pour être acheminé à destination.

Les processus d’automatisation et de numérisation qui ont débuté au milieu du 20e siècle ont un impact majeur sur la logistique postale. Une première étape a été franchie avec l’introduction du code postal en 1964. Les numéros de 1000 à 9999 sont systématiquement attribués d’ouest en est et sont basés sur le tracé des lignes ferroviaires postales. Le nouveau système marginalise la connaissance de la géographie suisse dans le tri postal. Alors que par le passé, les envois étaient triés par des fonctionnaires qualifiés, la Poste est alors mesure d’employer de plus en plus de travailleurs bon marché pour ce travail, principalement des femmes ou des étrangers. Avec la mise en service du premier système de tri mécanique des lettres à Berne, les adresses sont encore enregistrées manuellement par des codeuses. Enfin, à partir du milieu des années 80, les nouvelles technologies ont également permis de lire automatiquement les adresses. Les systèmes nécessitent donc de moins en moins d’assistance humaine. Mais cela implique des coûts d’investissement élevés à un moment où la Poste est sous pression financière. Pour la seule année 1991, la perte s’est élevée à 864 millions de francs. Grâce aux flux financiers internes des télécommunications rentables, le déficit peut encore être comblé à l’époque des PTT. Mais les deux secteurs doivent être séparés et libéralisés. Avant la fin du millénaire, la Poste doit être en mesure de survivre seule sur le marché. Diverses mesures visent à rendre la Poste plus efficace, notamment en matière de logistique:

Le courrier A et B sera introduit en 1991 afin d’utiliser de manière optimale les machines de tri, de jour comme de nuit. Les projets «Poste aux lettres 2000» (1993-1997) et «Poste aux colis 2000» (1994-1999) serviront à mettre en place des centres automatiques supplémentaires pour les lettres et les colis. Le réseau logistique, qui comprenait autrefois 4000 bureaux de poste, fonctionne désormais via 24 centres de traitement des lettres et trois centres de traitement des colis. Les mesures de rationalisation ont eu un impact majeur sur le personnel. Cependant, grâce à une pénurie de main-d’œuvre, la restructuration peut être menée à bien sans aucun licenciement. Fin 1997, l’entreprise publique des PTT est dissoute et scindée en deux sociétés, Swisscom et La Poste. Les directions postales de district sont supprimées et des organisations divisionnaires verticales sont créées. Les divisions Lettres et Colis sont divisées en quatre régions de processus. La Poste poursuit ses efforts pour atteindre une plus grande efficacité, même après la libéralisation. Avec le projet REMA (2001-2009), elle réduit le nombre de centres de distribution et supprime des centaines d’emplois. En 2015, il y a encore trois centres de courrier et six petits centres logistiques. Grâce aux retraites anticipées et aux indemnités de départ, cette réorganisation se déroule également sans heurts pour la plupart des employés.

Carte servant à l’introduction des numéros postaux d’acheminement

Les numéros postaux d’acheminement sont introduits en Suisse en 1964. Ils simplifient la logistique postale et constituent la base de l’automatisation ultérieure des systèmes de tri.

La Poste devra continuer à s’adapter aux évolutions technologiques et sociales dans les années à venir. Aujourd’hui, nous communiquons avec des gens du monde entier en quelques fractions de seconde via un smartphone et commandons des biens de consommation directement chez nous au lieu de les acheter dans un magasin. Nos attentes en matière de communication et de transport modifient également la logistique postale. Le passé a montré à quel point les changements peuvent être variés et profonds dans ce domaine. Les développements futurs sont difficiles à prévoir. Notre courrier sera-t-il distribué par des drones à l’avenir? La numérisation va-t-elle faire disparaître la lettre? La Poste suivra-t-elle le modèle d’Uber et les colis seront-ils bientôt distribués par des particuliers?

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Erwin Furrer:

Un jour, c'était la machine qui a trié

Logistique postale

L' Automatisation des centrales téléphoniques

En 1892, la première centrale téléphonique automatique au monde a été mise en service aux Etats-Unis. Il a cependant fallu des décennies avant que le système de transfert d’appel automatique puisse également être utilisé de manière fiable et efficace en Suisse. L’automatisation progressive des centrales téléphoniques au cours de la première moitié du 20e siècle a modifié à la fois la structure du réseau téléphonique suisse mais aussi la profession de téléphoniste. Le 3 décembre 1959, la Suisse est devenue le premier pays à automatiser entièrement son trafic téléphonique.

Le 3 novembre 1892, la toute première centrale téléphonique automatique a été mise en service à La Porte, Indiana. Les connexions ne se faisaient plus à la main, mais à l’aide d’un commutateur rotatif automatique, le Strowger-Switch. Grâce à ce commutateur, les propriétaires de téléphone au sein du réseau local pouvaient désormais composer les numéros de téléphone de façon indépendante, faisant ainsi l’impasse sur le travail manuel des opératrices téléphoniques. Une deuxième centrale téléphonique de ce type a été construite vers 1900 à New Bedford, Massachusetts. Peu de temps après, un grand standard téléphonique automatique a suivi à Chicago, qui comprenait des sélecteurs automatiques pour plusieurs milliers de connexions – c’était le plus grand standard téléphonique manuel construit jusque-là.

En Europe, cependant, l’automatisation de la téléphonie n’a commencé qu’après le tournant du siècle. Au début du 20e siècle, ce sont les administrations télégraphiques impériales d’Allemagne et d’Autriche qui ont équipé progressivement leurs bureaux centraux de Strowger-Switches pour faire face au nombre croissant d’appels téléphoniques. Tout comme dans les pays voisins, le nombre d’utilisateurs en Suisse a rapidement augmenté au cours de cette période. En raison de cette forte croissance, l’Administration fédérale du télégraphe et du téléphone a été contrainte de renouveler et d’élargir progressivement ses centrales téléphoniques existantes et de les adapter à l’état le plus récent de la technique. Les premiers plans concrets d’automatisation partielle des bureaux locaux ont été élaborés en 1910. Cependant, le déclenchement de la Première Guerre mondiale ayant retardé leur mise en œuvre, la toute première centrale téléphonique semi-automatique en Suisse, à Zurich-Hottingen, ne put être mise en service qu’en 1917.

Utilisation manuelle avant l’automatisation

Bureau de téléphonie et télégraphie à Kreuzlingen en 1907.

Après l’expérience initiale de la commutation d’appel semi-automatique à Zurich-Hottingen et compte tenu de la croissance continue du nombre d’abonnés, l’Administration fédérale du télégraphe et du téléphone a décidé en 1920 d’automatiser complètement les centrales téléphoniques dans les grandes villes. Les centrales téléphoniques de Zurich, Lausanne, Genève, Berne et Bâle passèrent à un fonctionnement entièrement automatisé. Le renouvellement des centrales de Lausanne et de Genève semblait particulièrement urgent, car leurs capacités de connexion et de commutation étaient presque épuisées. La première centrale téléphonique entièrement automatique de Suisse, construite sur le modèle américain, a été inaugurée à Lausanne le 29 juillet 1923. Un an plus tard, le siège de Genève-Mont-Blanc fut également équipé de Strowger-Switches, Saint-Gall-Winkeln suivit en 1925 et Zurich-Hottingen passa également en 1926 en mode entièrement automatique. La grande popularité de la commutation d’appel automatisée auprès des utilisateurs, qui se sont rapidement habitués à l’auto composition, les économies et la longue durée de vie des sélecteurs mécaniques ont fait que la commutation d’appel manuelle a également été abandonnée à long terme dans les autres centrales téléphoniques.

Une étape importante du développement de l’automatisation des centrales téléphoniques a été l’introduction de la numérotation inter ville. Comme son nom l’indique, les entreprises de la Poste, de la Télégraphie et de la Téléphonie (PTT), entre-temps fusionnées, sont concernées par les connexions automatiques entre les réseaux locaux des villes. Alors qu’une connexion téléphonique vers une autre ville devait jusque-là être commutée par une téléphoniste de sortie (dans le réseau de l’appelant) et une téléphoniste de destination (dans le réseau de l’appelé), les appelants pouvaient désormais établir eux-mêmes certaines connexions inter réseaux. La première liaison inter ville entre Berne et Bienne a été inaugurée le 29 mars 1930. La même année, la numérotation directe entre Bâle et Zurich fut lancée. Dans un premier temps, le trafic entièrement automatique n’était géré qu’entre les utilisateurs des villes. Le trafic automatique entre les réseaux locaux ruraux n’était alors pas encore possible. Cependant, on peut d’ores et déjà deviner que tôt ou tard, tous les réseaux PTT passeront en mode entièrement automatique.

Conception du réseau pour le fonctionnement manuel

Pour éviter tout travail manuel inutile, chaque centrale téléphonique d’un réseau maillé doit être directement connectée à de nombreuses autres centrales.

L’automatisation croissante de la téléphonie a fondamentalement modifié la structure du réseau téléphonique suisse au cours des deux décennies suivantes. Ces changements sont dus à des considérations économiques: les coûts d’installation des câbles étant nettement supérieurs à ceux des centrales téléphoniques, les PTT peuvent réaliser des économies considérables dès lors qu’elles parviennent à regrouper les lignes de commande à distance et donc à mieux les utiliser. En somme, les PTT essaient d’effectuer autant d’appels que possible à travers le moins de lignes téléphoniques possible dans le cadre de l’automatisation. Ceci est considérablement facilité par la commutation automatique. Alors qu’en mode manuel, chaque centrale téléphonique d’un réseau maillé doit être directement connectée à de nombreuses autres centrales afin d’éviter tout travail manuel inutile, les détours ne sont pas pertinents dans la configuration automatique des connexions. L’objectif de l’automatisation est donc de réduire le nombre de lignes en supprimant certaines connexions, de regrouper les appels et donc d’augmenter leur utilisation. Un réseau en forme d’étoile est créé, comprenant un million de raccordements à la fin des années 1950.

En 1959, le dernier standard téléphonique à commande manuelle a été automatisé, faisant de la Suisse le premier pays au monde à disposer d’un réseau téléphonique entièrement automatisé pouvant atteindre même le village le plus éloigné. L’auto sélection par-delà des frontières nationales a vu le jour dans la seconde moitié des années 1960. Le profil professionnel des téléphonistes a commencé à évoluer en conséquence. Comme le service de commutation manuelle n’était plus utilisé depuis les années 1960, les opératrices téléphoniques n’étaient presque plus formées à la commutation manuelle des appels. Au moment de la dissolution des PTT en 1997, seule une fraction minime du trafic d’appels internationaux était encore commutée manuellement.

Le ticket

Un ticket est émis pour chaque appel téléphonique commuté manuellement. La durée et le prix de l’appel figurent sur le ticket.

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Nelly Iseli-Dällenbach:

«Ensuite, nous avons dû nous rendre chez les abonnés pour leur montrer comment composer un numéro nous-mêmes.»

L' Automatisation des centrales téléphoniques

Le service des chèques postaux en Suisse

Grâce à un mandat de service universel à partir de 1906, la poste suisse devient le leader du marché des opérations de paiement en Suisse au cours du 20ème siècle. En 1997, Postfinance est née du département du trafic des paiements des PTT. Le processus d'automatisation difficile et la concurrence des banques restent encore aujourd'hui les plus grands défis. 

Seulement 13 ans après sa fondation, en 1862, la poste introduit les versements, et même les paiements à l'étranger peuvent déjà être traités. Cependant, le début effectif du trafic postal des paiements en Suisse a lieu le 1er janvier 1906, date d'entrée en vigueur de la loi sur les chèques postaux et les services de virements. Ce qui est à l'époque une étape pionnière en Europe - seule l'Autriche-Hongrie offre un service des chèques postaux avant la Suisse - se heurt pourtant à l'opposition nationale. L'Association des instituts de crédit de Zurich, par exemple, constate que la Suisse, avec ses 1000 banques actuelles, est déjà bien servie. Avec son infrastructure en réseau d'environ 4000 bureaux de poste, la poste offre cependant la solution idéale pour rendre le trafic des paiements accessibles aux petites entreprises et, en fin de compte, aux personnes privées.

Après un démarrage hésitant, le nombre d'ouvertures de comptes chèques postaux augmente fortement au cours des 10 premières années. L'augmentation du nombre d'ordres de paiement qui en résulte contraint la poste à multiplier le nombre de ses offices de chèques. A partir de 1921, les collaborateurs de la poste, situés sur 25 sites, acceptent les paiements, versent de l'argent et effectuent des virements. La majorité des employés des offices de chèques sont des femmes. Le travail est exigeant et le personnel est sous pression. Vers 1960 plus de 1000 transactions sont traitées par une employée par jour. La seule aide disponible est une machine à calculer.

Brochure d‘information sur le service des chèques postaux, 1919

La poste ouvre son service des chèques postaux en 1906. 1479 personnes utilisent alors ce nouveau service. La poste fait la promotion du compte de chèque postal depuis le début de sa création

Contrairement à la situation du trafic postal, le service des chèques postaux est exposé dès le départ à la concurrence du marché libre. Néanmoins, le nombre de clients ne cesse d'augmenter, de sorte qu'en 1950, plus de 200 000 comptes des chèques postaux sont ouverts. Parallèlement, la poste s'efforce en permanence de rationaliser ses activités. Dans ce contexte, les cartes de versement perforées sont introduites dans les années 1950 et peuvent être traitées de manière semi-automatique. Des caméras de microfilmage sont également utilisées pour saisir les bulletins de versement.

Dans la foulée de l'essor économique des années 1960, le grand public s'intéresse également au trafic postal des paiements. L'augmentation du degré d'automatisation et l'utilisation à grande échelle de machines et d'ordinateurs indépendants sont inévitables. Cependant, le projet APOCO (automatisation du service des chèques postaux par ordinateur), lancé au milieu des années 1960, est arrêté à plusieurs reprises. La fermeture annoncée de quelques petits offices des chèques se heurte à une résistance politique massive, et les personnes concernées craignent pour leur emploi. D'autres points d' APOCO peuvent être toutefois réalisés avec succès. L'une des innovations les plus importantes est l'introduction du Postomat en 1978. Le système permet aux utilisateurs du trafic postal des paiements de retirer leurs économies avec une facilité sans précédent, à toute heure du jour et de la nuit. Néanmoins, le projet APOCO fait l'objet de critiques publiques et internes de plus en plus vives. En 1991, le conseil d'administration des PTT arrête le projet - il est trop perfectionniste, trop coûteux, trop pensé pour le long terme et donc trop peu rentable. Pour les PTT, c'est un désastre. L'année suivante, l'automatisation est relancée, cette fois sous le nom de KUKOBEZA (Kunden-Konten-Belegdatenerfassung der Zahlungsaufträge). En l'espace de neuf mois, en 1996, les 25 offices de chèques sont transformés en six centres de traitement et un centre de services, automatisant tous le trafic postal des paiements et mettant fin aux deux grands projets qui ont consommé tant de ressources. 

Carte de versement, 1962

Les cartes perforées introduites dans les années 1950 sont déjà traitées de manière semi-automatique dans le centre informatique du département des finances.

Dans les années 1990, les relations auparavant difficiles avec les banques se normalisent. Un "groupe de réflexion PTT/banques" est créé en 1993 avec le but de permettre les paiements intersystèmes. Des solutions uniformes pour les paiements sans numéraire dans les magasins peuvent ainsi être mises en œuvre. De plus, il est maintenant possible de retirer de l'argent à un Bancomat avec une carte postale, et vice versa.

Avec la dissolution de la PTT en 1997, le service des chèques postaux connait lui aussi une restructuration fondamentale. Au sein de la nouvelle entreprise "La Poste", l'ancien service du trafic des paiements est transformé en l’entité nommée Postfinance. En 2019, les activités de Postfinance vont bien au-delà du trafic des paiements à proprement dit et l'institution financière jaune s'est depuis longtemps transformée en banque. Le mandat de service de base de la Confédération, qui stipule que les services de trafic des paiements doivent être garantis sur l'ensemble du territoire, n'a pas changé. Cette constante traverse l'histoire mouvementée des opérations de paiement postal depuis plus de 100 ans.

8/25

Peter Portmann:

«Et nous avons lancé les Postomats. Ça n’a pas plu aux banques.»

Trafic des paiements

Transmission de télégrammes par ordinateur – le projet ATECO

10 mai 1971 - après presque 10 ans de planification, de développement et d'essais, le nouveau système ATECO des PTT entre en service. Il s'agit d'un jalon dans l'histoire de la télégraphie en Suisse. Avec ATECO, ce système de transmission automatique de télégrammes par ordinateur, la branche la plus ancienne des services de télécommunication (le télégraphie a été introduite en 1852) est transférée à l'ère numérique. Le projet ATECO n’apporte pas seulement des progrès techniques, mais aussi des changements drastiques pour les opérations et le personnel.

Au début des années 1960, jusqu'à 6500 télégrammes sont transmis en Suisse aux heures de pointe. Malgré diverses mesures d'amélioration de l'efficacité dans la période d'après-guerre, le service télégraphique est extrêmement exigeant en personnel et de plus en plus déficitaire. Il ne peut être rationalisée davantage par des moyens conventionnels. C'est pour cette raison que les PTT décident en 1963 de prendre une voie révolutionnaire pour cette période : la transmission de télégrammes par ordinateur. C'est la naissance du projet ATECO.

A l'heure actuelle, le réseau télégraphique en Suisse est une structure en maille, passant d'un bureau télégraphique à un autre bureau télégraphique. Avec ATECO, le trafic des télégrammes est désormais géré par un système informatique central, ce qui permet de développer un réseau en étoile. Zurich-Wiedikon est choisi comme emplacement pour l'ordinateur central. Les développeurs d'ATECO ont des objectifs ambitieux : tous les processus de routine tels que la réception, l'évaluation, le stockage et l'envoi des télégrammes doivent désormais être pris en charge par l'ordinateur. Les PTT espèrent que cela permettra d’économiser des centaines d'emplois. Bien qu'il soit principalement destiné au trafic télégraphique, ATECO effectue également des tâches de téléphonie. Par exemple, les fichiers du service des dérangements de Zurich sont entrés dans l'ordinateur avec les données des client.

Schéma du réseau ATECO, 1983

Après l'introduction d'ATECO, tous les télégrammes sont transmis via le système informatique à Zurich.

Pour la réalisation du projet ATECO, les PTT préparent en 1965 un cahier des charges complet, plusieurs fabricants potentiels déposent leurs propositions de réalisation. L'un d'entre eux est Hasler, qui voit le projet comme une opportunité d'entrer dans l'industrie informatique. Cependant, le contrat a été attribué à la compagnie américaine Sperry Rand avec l'ordinateur UNIVAC 418. Le fonctionnement irréprochable du système a la plus haute priorité pour les PTT. La loi stipule que la télégraphie doit être le dernier moyen de communication fonctionnel, même en situation de crise. Ainsi, comme le projet ATECO ne prévoit qu'un seul centre pour traiter tout le trafic télégraphique national et étranger, une panne totale du système informatique serait fatale. Pour éviter cela, chaque télégramme est donc traité par trois ordinateurs en parallèle. Même dans le cas peu probable où deux ordinateurs tomberaient en panne en même temps, une troisième unité serait ainsi toujours disponible. Avec ce système triplex, il est possible d'atteindre une fiabilité incroyable de 99,94%. Statistiquement, l'effondrement d'ATECO ne pourrait donc être attendu que tous les 25 ans.

En mai 1971, ATECO entre en service. L'introduction se fait en plusieurs étapes. Ce n'est qu'en avril 1972, lorsque les derniers bureaux télégraphiques étrangers sont connectés, que le trafic télégraphique est entièrement pris en charge par l'ordinateur à Zurich.

ATECO apporte des progrès techniques, mais aussi des changements notables pour les employés. L'introduction du projet signifie tout d'abord qu'il faut beaucoup moins de personnel dans le service télégraphique, ce qui suscite la peur parmi les employés. Toutefois, dans les années 1960 et 1970, les PTT ont des difficultés de recrutement, de sorte qu'il n'y a pas de suppression d'emploi. Néanmoins, l'introduction d’ATECO pour les télégraphes implique une réorientation et des ajustements.

Ordinateurs dans le Centre ATECO, 1971

Les trois unités centrales forment le cœur d'ATECO. Le système Triplex garantit un fonctionnement pratiquement sans panne.

Après son introduction, le système ATECO assure son service de manière fiable et durable. Ce n'est qu'à la fin des années 1980 qu'il devient évident de le remplacer par un nouveau système moderne. Les ordinateurs UNIVAC 418 restent en service jusqu'en 1991, date à laquelle ils sont remplacés, après 20 ans de fonctionnement ! L'ère de la télégraphie tire déjà à sa fin. Le fax et surtout Internet et la possibilité d'envoyer des e-mails forment le coup fatal pour le moyen de communication autrefois si important. En 2001, Swisscom, successeur des PTT, arrête le trafic des télégrammes.

Près de 40 ans plus tôt, avec le lancement du projet ATECO, un tel développement est impensable. Des millions de télégrammes sont envoyés chaque année, c'est pourquoi les PTT font de grands efforts pour le développement technique dans ce domaine. La transformation d'un réseau télégraphique public en un réseau informatique est une nouveauté européenne. Bien qu’il existait même avant ATECO de plus petits réseaux télégraphiques privés utilisant des ordinateurs, en termes de complexité et de sécurité de fonctionnement, il n'est toutefois pas possible de les comparer avec le projet innovatif des PTT. La qualité du système attire particulièrement l'attention internationale. Quelques années plus tard, la NASA utilise la technologie ATECO pour ses vols spatiaux.

La commutation automatique des télégrammes par ordinateur peut être donc considérée comme l'une des grandes réalisations pionnières des PTT. Elle marque le début d'une ère généralement caractérisée par l'automatisation et, de plus en plus, par la numérisation.

9/25

Willy Glur:

«ATECO était une grande, une fondamentale mutation du Télégraphe»,

ATECO

Technique et développement du car postal

La Direction générale des PTT, auparavant de la poste, se penche régulièrement tout au long du XXème siècle sur les innovations technologiques lui permettant de proposer un service public plus efficace, moins coûteux et à disposition de la population. Le car postal fait tout part à ce travail rassemblant nombreux métiers et découlant d’avancées technologiques fulgurantes.

La régie postale fédérale soutient dès 1906 la production indigène et l’économie nationale en faisant produire ses véhicules en totalité sur le territoire national. Les premiers véhicules possèdent une carrosserie en bois, on y monte par l’arrière et on s’assoit, comme dans les diligences postales, sur des bancs en bois aussi. Le moteur se situe devant, sous un gros refroidisseur. Les passagers siègent aux côtés des lettres et paquets, le car postal étant également responsable du service postal. Ces omnibus se veulent accessible par tous (de « omni », racine latine) et permettent l’accès de la population aux centres urbains. La consommation d’essence des premiers omnibus est considérable : 40 litres au 100 kilomètres.

Plus gourmands, les cars postaux alpins consomment plus de 50 litres au 100 kilomètres. Ils ont généralement moins de places assises que les omnibus roulant en plaine (une vingtaine contre 30 à 40). Les premiers cars alpins circulent avec des pneus pleins. Rapidement, on remarque que l’utilisation de pneus gonflés d’air permet d’économiser 15% d’essence : entre 1921 et 1924, les cars sont donc munis de nouveaux pneus. Le nombre de litres aux 100 kilomètres encore est réduit de moitié grâce aux moteurs à diesel introduits dès 1931. Les années 1940 vont être marquées par le manque de ressources et de leur rationalisation. Du gaz produit à partir de bois est donc utilisé à la place du diesel.

Jusqu’en 1968, le personnel de conduite siège sur la droite de l’automobile (Rechtslenkung), à côté de la porte par laquelle entrent les passagers. Le conducteur doit ainsi se lever, ouvrir manuellement la porte, contrôler ou vendre les tickets et laisser entrer les passagers. Les cars postaux sont dotés d’une cabine avancée pour le personnel de conduite, testée pour la première fois dans les années 1930. Le moteur est placé sous le corridor du car postal (Unterflurmotor).

Le remplacement des véhicules suite aux développements techniques est en partie décidé par les inspecteurs des services automobiles de la Direction générale des PTT. Ils jouissent de larges compétences pour les cars postaux de la régie, mais aussi pour ceux des entrepreneurs postaux.

Carte postale, 1910

Les premiers cars postaux et la méfiance des voyeurs thématisés sur cette carte postale de 1910.

De grands changements techniques prennent place dans les années 1970 : les bus articulés sont introduits, les cars postaux sont nouvellement construits avec une suspension pneumatique et des disques à frein sont utilisés. Un changement majeur et symbolique pour les PTT est la commande et l’achat de véhicules produits à l’étranger, chez Mercedes-Benz par exemple. Alors qu’une loi de 1916 (renouvelée en 1960) stipule que les PTT doivent, si une production indigène existe, se procurer des pièces et des véhicules en Suisse, l’année 1971 annonce justement la fin du soutien économique national et l’ouverture de la concurrence étrangère. La production nationale trop faible et l’attente trop longue suite à une commande de véhicules (jusqu’à deux ans !) pèsent trop lourdement sur la flexibilité et le développement technique des automobiles. Les PTT se tournent donc vers des entreprises étrangères.


En 1985, le dernier car postal entièrement construit en Suisse est produit par Saurer. En même temps, les premiers essais de car postaux électriques ont lieux. Certains véhicules, comme ceux avec un toit rétractable construits depuis les années 1920 pour les voyages en montagnes, ne sont plus produits par les entreprises étrangères. C’est une spécificité de la production suisse. Ce n’est que depuis 2017 qu’il est à nouveau possible de rouler avec un car postal décapotable sur les routes suisses. Les années 1980 sont aussi synonymes d’automation et d’introduction de composantes électroniques, comme les caisses ou automates électroniques à billets.

Les PTT ont été particulièrement actifs dans le processus d’innovation pour les cars postaux. Ils ont suivi les développements étrangers à la loupe et adopté de nouveaux procédés techniques. Au cours du XXème siècle, ils ont constamment perfectionnés leur flotte d’automobiles, répondant à la demande de la population et à la conjoncture politique et technique.

Esquisse d’un car postal, 1943

Esquisse d’un car postal de 1943 avec les indications techniques. A l’espace arrière, 24 bidons à lait pouvaient être transportés.

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Fritz Jenni:

« Le car postal était pour beaucoup un symbole »

Développement technique du car postal

50 ans de transformation numérique en Suisse

La numérisation des télécommunications en Suisse se réalise en plusieurs étapes. Dès 1969, des voies de transmission sont numérisées. Depuis le milieu des années 1980, les centraux téléphoniques commencent à l’être également. En 1988, c’est au tour de la numérisation des raccordements, du téléphone et du fax par exemple. Succédant aux PTT-Telecom, Swisscom se tourne fin 2017 vers la téléphonie par Internet. C’est ainsi que le chapitre Integrated Services Digital Network (ISDN) prend fin.

Digitalisierung final from PTT-Archiv on Vimeo.

La construction d’une infrastructure de communication se développe en parallèle à la croissance d’une demande de services nouveaux, plus rapides et fiables. Avec l’essor économique et les changements sociétaux de la période d’après-guerre, les PTT se voient confrontés à une pression de plus en plus importante : ils doivent adapter leur service et leurs prestations aux besoins d’une société d’information en émergence. Cette pression en matière d’innovation a débuté il y a déjà plus de 50 ans avec différents projets de rationalisation. Elle a permis le début de l’ère numérique. Dans les années 1960, le département de la recherche des PTT a développé sa vision d’un réseau téléphonique numérique. Les progrès dans le domaine de la microélectronique et des ordinateurs permettent de concevoir des systèmes de transmission plus efficients et performants. A la fin de la conceptualisation d’une telle idée, il est souhaité d’intégrer les différents services : toutes les formes de nouvelles, qu’elles soient de langues, de données ou d’images, sont transmises au sein d’un même réseau. 

Brochure publicitaire pour l’IFS, 1979

Le système de télécommunication intégré est considéré comme la clé aux besoins de communication pour le futur.

Derrière le développement de la technique analogue vers celle du numérique se cachent de jeunes ingénieurs du département de la recherche qui sont familiarisés au Pulse-Code-Modulation (PCM). Avec le PCM, un signal vocal analogue et continu est codé et transmis sous la forme d’impulsions binaires. L’avantage central de ce système se trouve dans la résistance aux perturbations, même sur de longues distances de transmission.

Le département des télécommunications des PTT souhaite être à la tête de la technologie et y rester. Ses activités sont comparées à la situation de la recherche internationale. C’est notamment la raison pour laquelle les démarches des ingénieurs sont prises très au sérieux. Après un échange en 1967 entre les PTT et les entreprises suisses Hasler, Siemens-Albis et Standard Telephon & Radio de l’industrie des télécommunications, un « groupe de travail Pulse-Code-Modulation » est créé. Ce dernier travaille de 1969 à 1983 au développement national du « Système de télécommunication intégré » (IFS). Ce système pilote la transmission de conversations modulées par PCM et souhaite éliminer les problèmes d’interface entre les centraux analogues et ceux nouvellement numérisés.

En 1976, une installation pilote de l’IFS basée dans la Mattenhof à Berne transmet électroniquement et par ordinateur pendant plusieurs mois des conversations entre le Bollwerk et les offices principales du groupe réseau de Berne. Pourtant, le projet se heurte à des complications et des frictions se forment au sein du groupe de travail. Malgré les coûts de développement et de personnel en hausse, la livraison de centraux de transit a du retard. Les exigences d’un tel système national ne sont plus sous contrôle. En 1983, les responsables du système doivent admettre que les tentatives de sauvetage sont vaines. Dans les médias, les coûts de ce système sont estimés à plus de 200 millions de francs et au sein du conseil national, on débat à propos du futur de l’industrie suisse des télécommunications.

L’ébranlement de ce développement ne conduit toutefois par à l’abandon de la numérisation. Les capacités de l’IFS sont considérées comme trop importantes au sein du marché des télécommunications. Il se développe alors une possibilité de communication abonné-abonné complétement numérisée. Pour cela, tous les services (transmission de signaux linguistiques ou non) sont diffusés sous la forme d’un flux continu de bits au sein du même raccordement. L’arrêt du projet IFS accélère la transformation du secteur des télécommunications. Les PTT achètent à l’étranger des systèmes testés et les intègrent dans le réseau indigène. Avec « Swissnet I » en 1988, les PTT permettent la réalisation d’un standard international, l’Integrated Services Digital Network (ISDN), en Suisse. Fin 2017, l’ISDN est complétement remplacé par la téléphonie par Internet.

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Albert Kündig:

«Je pouvais suivre tout le développement de la numérisation»

Transformation numérique

Une vie durant aux PTT – des professions de monopole

Lors de leur dissolution en 1997, les PTT engagent 60'000 personnes et forment ainsi le plus gros employeur de Suisse. Beaucoup d'employés-ées travaillent au sein de l'institution depuis leur apprentissage, dans des professions dites de monopole. L'apprentissage à la poste ou au service de télécommunications permet une formation ciblée et une place de travail en grande partie assurée par la suite. Mais en même temps, la formation interne à l'entreprise restreint les possibilités de changement d'affectation.

Le terme « professions de monopole » apparaît pour la première fois en 1967 dans les prescriptions C2 relatives au personnel. Celles-ci réglementent la formation des apprenti(e)s des PTT. Par ce terme sont définies les différentes voies de formation internes à l'entreprise, soit :


- Fonctionnaire diplômé (apprentissage de 2 ans) : secrétaire d'exploitation, télégraphiste, chef de bureau
- Assistante d'exploitation (apprentissage d'une année) : employée de guichet, de service de chèques postaux, télégraphiste, téléphoniste
- Fonctionnaire en uniforme (apprentissage d'une année) : facteur, employé de traitement postal, de service de bureau


Ces professions n'existent pas uniquement depuis 1967 : la formation au sein d'un domaine spécifique des PTT a une longue tradition.


Lors de la création de la poste fédérale suisse en 1849, les fonctionnaires sont embauchés uniquement selon leurs connaissances préalables dans un domaine particulier. Aucun apprentissage n'a lieu. Mais ceci change rapidement avec l'introduction de nouveaux secteurs d'activités, notamment la télégraphie en 1852, dont l'administration elle-même se met à former des télégraphistes. En 1869, le service de la poste introduit également l'obligation de faire un apprentissage.


Aussitôt l'introduction des apprentissages au sein de la poste et des télégraphes instaurée, les femmes y sont aussi admises. En 1870 par exemple, parmi les 64 télégraphistes, 25 sont des femmes. A la poste pareillement, chaque année, de nouvelles apprenties sont engagées. Cette offre n'est toutefois pas valable longtemps. En effet, en 1894 tombe la décision d'interdire toute possibilité aux femmes de devenir fonctionnaires diplômées à la poste. Et le statut des télégraphistes en formation se voit être rétrogradé face à celui des fonctionnaires diplômés.

Prospectus publicitaire pour le recrutement de personnel aux PTT

1980, 1969, 1970

La formation des fonctionnaires diplômés des PTT se déroule spécifiquement au sein du secteur de la poste et de télécommunications. Les secrétaires d'exploitation du service postal sont majoritairement placés au guichet financier et de l'expédition, ou au service des ambulants. Au service de télécommunications, ils exercent leur activité en tant que télégraphistes ou chefs de bureau. Les apprentis reçoivent, à côté de leur expérience pratique, une formation approfondie qui leur permet de commencer une carrière dans des services administratifs et hiérarchiquement supérieurs.


Les apprenties de la poste, du téléphone et du télégraphe (appelées dames-aides jusqu'à la fin des années 60) sont majoritairement destinées aux secteurs d'activité dits féminins : au guichet postal ou à l'office de chèques postaux, ou encore en tant que télégraphistes ou téléphonistes. Elles peuvent au sein de leur secteur changer facilement de poste et monter les échelons de la hiérarchie. Une carrière dans le service administratif leur est toutefois proscrite.


Les fonctionnaires en uniforme exercent dans le secteur postal en tant que facteur, dans le cadre du traitement des lettres et des colis ou encore de travaux manuels pour le service de bureau. Grâce à leur uniforme, ces fonctionnaires sont reconnaissables en tant que fonctionnaires des PTT. Jusque dans les années 60, il existe la possibilité de contracter une formation élémentaire de quelques mois. Dès 1967, un apprentissage d'une durée annuelle est inscrit dans les prescriptions C2.


La fin des années 60 marque un changement important au sein des PTT de part un manque accru de personnel. Les années 90 annoncent des signes de libéralisation du marché. De ce fait, il a été nécessaire aux PTT d'assouplir la rigidité de ses accès et parcours professionnels. Au sein des professions de l'institution, il est désormais possible de changer plus facilement de secteur d'activité, ce qui induit également une ouverture des postes de cadres également aux femmes, ceci depuis 1972 (la formation de fonctionnaires diplômées devient possible). Depuis l'extérieur, cette ouverture se traduit par une harmonisation des diplômes aux certificats fédéraux de capacité. Le diplôme des PTT obtenu est désormais également reconnu par les entreprises privées.

„Und nun wie wär’s mit der Post?“

Prospectus publicitaire pour le recrutement de personnel aux PTT 1970.

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Herbert Stucki:

«Avec l’examen, la carrière aux PTT a commencé.»

Professions de monopole

Le service international – relié au monde entier

Dans les services internationaux, les lignes téléphoniques sont reliées par les téléphonistes. Elles établissent des communications à longue distance dans le monde entier. Conséquence de l’automatisation et de la numérotation directe dès 1964, le quotidien des téléphonistes est bouleversé.

Dès l’introduction du téléphone en 1880 en Suisse, les milieux économiques se hâtent de construire des lignes téléphoniques à l’étranger. Les guerres mondiales conduisent à des interruptions et freinent le développement de l’infrastructure et de la technique. Mais pour une courte durée seulement : une liaison radiotéléphonique est construite vers les Etats-Unis via Londres en 1928 et, fin 1952, des liaisons par câble sont réalisables dans presque tous les pays européens.

 
Pour des liaisons téléphoniques par des réseaux non-automatisés, un service spécial des PTT est compétent : le service international, également nommé service de commutation manuel. Si une communication à longue distance est souhaitée, c’est le numéro de service 14 (dès 1975 : 114) qu’il faut choisir. La téléphoniste en fonction prend alors note de toutes les indications concernant l’appelant, le lieu et le but souhaité. A son pupitre de commutation, elle saisit les commutateurs et établit ainsi les liaisons demandées. Elle rappelle ensuite l’appelant et fait savoir que la liaison est établie. Elle écoute et contrôle le début de la conversation, afin de s’assurer que les bonnes per-sonnes sont reliées.


Pour ce travail, les PTT exigent de bonnes connaissances linguistiques et géographiques, un comportement aimable, une obligeance et de bonnes connaissances générales. Uniquement les femmes sont autorisées à commencer l’apprentissage long d’une année. Pendant leur formation, les futures téléphonistes se spécialisent de manière théorique et pratique dans un des services téléphoniques, le service de commutation par exemple. Dans les centrales téléphoniques, des espaces spécifiques sont destinés aux services internationaux. En ces lieux, les téléphonistes doivent traiter leurs demandes rapidement. Des ouvrages de référence ainsi qu’un grand savoir-faire les aident à relier correctement l’appelant et le destinataire. Dans les années 1960, 28 services internationaux sont en service.

Les postes de travail « d’outre-mer » dans un service international des PTT, années 1960

Le service de commutation manuel n°14 est un service qui dessert le monde entier. Techniquement encore difficile à gérer dans les années 1950 et 1960, le trafic à l’étranger s’accélère dans les années 1970.

Les taxes étrangères inhibent dans les débuts la croissance de la téléphonie internationale. En effet, en 1965, une conversation de 3 minutes aux Etats-Unis coûte plus de CHF 52.-. Cela équivaudrait actuellement à environ CHF 200.-. Les CHF 5.55 que coûte une conversation de 3 minutes en Grande-Bretagne équivalent à un salaire horaire d’un ouvrier qualifié. Les communications avec l’étranger deviennent un phénomène de masse seulement à partir de l’automatisation du réseau téléphonique international et grâce à la chute des tarifs des années 1970.


L’automatisation conduit à une simplification du travail, mais aussi à une réduction des effectifs. Avec la numérotation directe dès 1964, téléphoner sans le branchement manuel est de plus en plus populaire. L’élaboration des liaisons fonctionne avec un système international d’indicatifs nationaux (pour la Suisse 0041 par exemple). Dès 1976, plus de 90% des communications avec l’étranger fonctionnent avec la numérotation directe. Durant cette période, plus que 7 des 28 services internationaux restent actifs. Cette réduction est accompagnée par des changements dans d’autres services et de moins en moins de téléphonistes se spécialisent dans le service de commutation. Aux postes de travail, les écrans remplacent les commutateurs téléphoniques.


Les abonnés à la téléphonie s’habituent rapidement à la numérotation directe, aux moyens auxi-liaires modernes et aux numéros directs pour l’étranger. Dans les années 1990, les 7 centrales de commutation manuelle traitent seulement une petite partie du trafic téléphonique étranger. Le service de commutation des téléphonistes perd alors peu à peu de sa signification.

Affiche publicitaire pour le service international n°14, années 1960

Des conversations dans les pays des 5 continents peuvent être établies : c’est ainsi que les PTT font la promotion de leur service.

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Marlies Stark:

«Trois minutes pour les USA, 52 francs.»

Service international

Séjours linguistiques aux PTT

La formation des langues étrangères des employées et employés de l'entreprise fédérale des PTT est depuis les débuts de toute importance. La pratique quotidienne liée au service postal, téléphonique et télégraphique nécessite de bonnes connaissances linguistiques. Ces dernières font de ce fait partie des conditions d'engagement et sont présentes dans les prescriptions (les directives administratives internes à l'entreprise).


Les langues nationales sont pour le travail quotidien aux PTT inévitables. De ce fait, un séjour linguistique est un prérequis pour l'examen d'admission à l'apprentissage aux PTT pour les professions suivantes :


- Assistante d'exploitation : les employées de guichet, de service de chèques postaux, les télégraphistes, les téléphonistes
- Fonctionnaire diplômé (dès 1972 également fonctionnaires féminins) : les secrétaires d'exploitation, les télégraphistes, les chefs de bureau
- Fonctionnaire en uniforme (dès 1973 également fonctionnaires féminins) : facteur, employé de traitement postal, de service de bureau


Afin de satisfaire aux prérequis, bon nombre d'entre eux font un séjour dans une autre partie du pays. Ce séjour peut se dérouler sous la forme d'au pair (majoritairement féminin) qui allie tâches ménagères, prise en charge des enfants et les premiers pas dans le monde professionnel – expérience appelée « Welschlandjahr » pour les germanophones séjournant quelques mois en Suisse romande.


Durant l'apprentissage, des cours de langue sont proposés, tout comme des échanges entre différentes régions linguistiques suisses. De plus, des camps d'apprentissage sont organisés, mélangeant volontairement apprenties et apprentis de différentes régions.


A la fin de l'apprentissage, un examen de langues (oral et écrit) est obligatoire. En cas de réussite, la personne entrera dans une période dite « d'aspirant », durant laquelle elle sera transférée tantôt ici et là pour compléter sa formation pratique et améliorer ses connaissances linguistiques. Ce séjour est obligatoire pour les fonctionnaires diplômés (outre les personnes mariées et les habitants une région bilingue), hautement recommandé pour les autres corps de métiers. Il dure entre 8 et 15 mois.

Le vocabulaire professionnel pour les téléopératrices, en italien, 1989

L’activité de téléphoniste requiert des compétences linguistiques spéciales.

Le perfectionnement des langues ne s'arrête pas à l'apprentissage. En cours d'emploi, les PTT garantissent des formations continues en partie financées par chaque direction d'arrondissement : des cours de langue en Suisse, des séjours à l'étranger ou des échanges de quelques mois avec une ou un autre collègue d'une autre région linguistique.


Durant les années soixante, à cause de la forte pénurie du personnel, les PTT n'ont pas donné la priorité aux échanges linguistiques, mais bien plutôt favorisé les déplacements stratégiques lorsqu'un manque de personnel se faisait sentir, notamment dans les villes ou les grands offices. Mais dès le milieu des années septante, suite à une amélioration du marché du travail, les compétences linguistiques des employés des PTT reprennent plus d'importance. Aux côtés des langues nationales, l'anglais prendra à partir des années nonante plus d'ampleur.


La cohésion nationale et un l'échange entre différentes régions de la Suisse détiennent une place importante au sein de la culture des PTT. Il n'est d'ailleurs pas un hasard que le centre de formation des apprenties et apprentis se déroulent à Macolin/Magglingen, Berne, commune sise sur le « Röstigraben », symbole fort de différences culturelles et linguistiques entre les régions de Suisse.

Prospectus d’indications pour un stage linguistique, 1992

Les stages linguistiques sont largement encouragés jusqu’à la dissolution des PTT en 1997.

16/25

Evelyne Ferber-Denegri:

«Au bout de 6 mois je n’avais pas vraiment appris de suisse-allemand.»

Sejours linguistiques

Quelle place pour l'Etat dans le marché des télécommunications ?

La libéralisation du marché de la télécommunication suisse en 1998 entraine deux conséquences étroitement liées : d’une part, la levée du monopole d’Etat implique l’émergence d’un marché libre en matière de télécommunication. D’autre part, de la privatisation partielle de l’entreprise étatique Telecom PTT découle la fondation de Swisscom S.A. Pour les employé-e-s, cette évolution signifie de nouvelles conditions de travail.

Dès la fin des années quatre-vingt, un nouveau courant de pensée tend à s’imposer petit à petit. L’entreprise fédérale des PTT, qui gère le monopole de l’offre en matière de télécommunications, ne semble plus correspondre à l’air du temps. Le néolibéralisme, qui promet le succès économique de l’ouverture des marchés et des privatisations d’entreprises étatiques, fait son chemin dans les débats politiques. On dit les entreprises privées plus flexibles et mieux à même de s’adapter aux nouveaux défis technologiques. De plus en plus de personnes influentes pensent que la libéralisation est un bon moyen d’anticiper et de préparer la Suisse au nouveau marché de la télécommunication devenu libre, européen et international. L’argument de la baisse des prix par le système de concurrence a de nombreux adeptes. La libéralisation du marché suisse de la télécommunication aboutit le 1er janvier 1998 avec l’entrée en vigueur de la loi sur les télécommunications.

Afin d’assurer le service de base des télécommunications sur tout le territoire suisse, des réglementations sont prévues. Malgré la situation concurentielle, Swisscom S.A. est chargée d’assurer ce service.

Pour le Conseil fédéral et la majorité des parlementaires, la libéralisation des services de poste et de télécommunication doit être acccompagnée d’une restructuration de l’administration des PTT. Contrairement à la Poste PTT, les Telecom PTT ne deviennent pas, le 1er janvier 1998, une institution privée de droit public. Elles se transforment en une société anonyme de droit public avec une participation majoritaire de la Confédération. Le référendum contre la libéralisation mené par une partie de la gauche n’aboutit pas. En octobre 1998, l’entrée en bourse de Swisscom est courronée de succès. Par la suite, le Conseil fédéral et le conseil d’administration de Swisscom S.A. souhaitent la privatisation totale de l’entreprise, ce qui n’a pas abouti jusqu’à ce jour.

Les dirigeant-e-s de Telecom PTT se montrent très favorables à la libéralisation. Par plusieurs mesures, notamment la campagne « Change Telecom », il essaient de préparer les collaborateurs-trices aux changements qui s’annoncent et de les convaincre des bienfaits de la libéralisation.

Le compte à rebours jusqu'au 1.1.1998

Des apprentis électroniciens des Telecom PTT de Sion développent une montre à rebours pour le projet Change Telecom. Dès la mi-décembre 1996, elle compte à plus de 50 endroits les jours, les heures, les minutes et les secondes jusqu’à la libéralisation du premier janvier 1998.

18/25

Barbara Beyeler:

«Le côté familial a disparu, c’est cela la différence entre les PTT et Swisscom.»

Libéralisation Télécom

Libéralisation en jaune

La libéralisation de la Poste implique à la fois l’ouverture de ce marché à la concurrence privée et la restructuration de la Poste PTT. A la différence du marché de la télécommunication, le marché de la poste se libéralise pas à pas dès 1998. Cette évolution se répercute immédiatement sur les conditions de travail des collaborateurs-trices.

Entrée en vigueur le 1er janvier 1998, la loi sur la poste entraîne la libéralisation des envois de colis express et dépassant les 2 kilos. Ces services postaux sont désormais ouverts à des prestataires privés. Le monopole des lettres, à savoir le droit exclusif de la Poste d’acheminer le courrier et les paquets de moins de 2 kilos, s’assouplit petit à petit jusqu’à se restreindre en 2009 aux envois de moins de 50 grammes. Souhaitée par le Conseil fédéral, l’ouverture complète du marché dans le domaine de la poste ne trouve pas de majorité au parlement en 2010.

Le principe d’un service public postal disponible dans toute la Suisse, bon marché et de qualité, est ancré dans la Constitution fédérale (art. 92). L’étendue concrète de ce service public est pourtant régulièrement l’objet de débats politiques et publics. L’initiative populaire « Services postaux pour tous », qui exige entre autres un réseau postal sur tout le territoire suisse, est refusée de justesse à 50,2% des voix. Chargé de garantir le service universel, le législateur a confié à La Poste, entreprise qui succède à la Poste PTT, l’exécution de ce mandat.

Les deux entités des PTT, Poste et Telecom, sont séparées en 1998. La libéralisation du marché de la poste étant moins développée, l’organisation de sa désétatisation est moins prononcée. Avec l’entrée en vigueur de la loi sur l’organisation de la poste, celle-ci devient une entreprise indépendante. Selon le Conseil fédéral, cette forme d’institution renforce la notion de service public. Au cours de l’ouverture des marchés, La Poste devient en 2013 une société anonyme de droit privé et est mise à la même enseigne que les entreprises fédérales des CFF et de Swisscom.

« Change Post » : tel est le slogan que la Poste PTT donne à son gros projet visant à surmonter le pari de la libéralisation. La campagne de communication interne « Viva la Posta », quant à elle, s’adresse aux collaborateurs-trices et tente d’introduire une nouvelle culture d’entreprise.

La loi fédérale sur le personnel remplace en 2001 la loi sur les fonctionnaires et flexibilise les conditions d’engagement – désormais, la garantie du travail n’existe plus. La même année, les partenaires sociaux signent la première convention collective de travail de La Poste suisse.

Les discussions au sujet de la libéralisation de la poste ne sont pas encore terminées.

VIVA LA POSTA! Edition spéciale pour la conférence nationale des postes

Edition du 16 juin 1996.

19/25

Hanna Weiersmüller:

«Nous vivions dans un milieu protégé, entourés de murs sécurisants et nous avons été lâchés en pleine nature.»

Libéralisation poste

Les faisceaux hertziens : un réseau fiable pour la télévision et le téléphone

La communication par faisceaux hertziens permet la transmission d'informations d'un point à un autre. Cette technique est utilisée depuis 1948 pour soulager les câbles téléphoniques. Dès les années 1950, elle sert à transmettre les signaux des studios de télévision aux tours émettrices. En quoi consiste le travail à l’arrière qui permet cette communication?

Introduite sous la forme d’un projet pilote en 1953, la télévision est, en Suisse, définitivement établie en 1958. La diffusion de ce nouveau médium nécessite la construction d’antennes émettrices. De plus, le réseau téléphonique n’étant pas adapté à la transmission des signaux de télévision à ces antennes, un nouveau réseau qui recourt aux faisceaux hertziens est créé. Alors que les ondes radio rayonnent à 360° à partir de leur émetteur, les faisceaux hertziens transmettent des signaux dirigés. Les antennes paraboliques, appelées communément paraboles, sont à la fois les émetteurs et les récepteurs de ces signaux.

Dès les années 1960, les PTT développent le réseau hertzien afin d’atteindre aussi les régions reculées. Dans ce domaine, la Suisse se trouve à un croisement international: les faisceaux hertziens d’Albis-Felsenegg (ZH), établis en 1966, font office de relais nord-sud et est-ouest du réseau de télévision européen. Déjà en 1954, les PTT développent les liaisons entre l’Allemagne et l’Italie afin de permettre la diffusion de l’Eurovision récemment inventée. L’établissement de la liaison vers l’Italie, qui passe par le Jungfraujoch, est une performance technique de haut niveau à cette époque puisque la télévision par satellite n’existe pas encore.

Dans les stations de faisceaux hertziens de grande importance, une équipe composée d’assistantes en télécommunication et de techniciens s’occupe continuellement d’effectuer les liaisons et de surveiller la transmission. Du personnel supplémentaire assure les transmissions d’événements exceptionnels ou de reportages en direct à l’aide de stations mobiles. Au fil du temps, la technique se développe afin de pouvoir transmettre un plus grand nombre d’émissions et de conversations téléphoniques ou encore proposer de nouveaux services comme le télétexte.

Dans le domaine du réseau téléphonique, les faisceaux hertziens servent surtout à assurer la transmission en cas de surcharge du réseau en fil de cuivre. Les faisceaux hertziens perdent de leur importance à l’arrivée des câbles en fibre de verre dans les années 1980. Ils restent toutefois nécessaires à la téléphonie mobile et fixe dans certaines régions de montagne et peuvent encore servir de liaisons radio en cas d’urgence. 

Salle de contrôle de la station Albis Felsenegg 1966

La station servait de centre de coordination national et technique pour la télévision ainsi que de centre de commande sud de l'Eurovision.

21/25

Max Bürli:

«Notre devoir consistait à régler le problème avant que celui-ci n’apparaisse.»

Faisceaux hertziens

Les prescriptions – au sein des PTT, tout est strictement réglementé

Les prescriptions des PTT sont des directives administratives destinées à garantir l’exécution uniforme de l’ensemble des tâches et devoirs au sein de l’entreprise. D’autres instructions concernant le domaine public sont publiées dans la Feuille officielle des PTT.

L’administration fédérale des PTT est composée de deux secteurs : celui de la poste (d’où le ‘P’ dans le nom) et celui des télécommunications (‘TT’ pour téléphone et télégraphe). Les deux secteurs disposent de plusieurs types de prescriptions. Imprimées en français, en allemand et en italien, elles sont mises à disposition dans tous les bureaux des PTT. Alors que la standardisation des tâches et des étapes de travail se généralise, le nombre de prescriptions augmente. Cela va de pair avec la mise en place d’une structure administrative clairement hiérarchisée. Le but des prescriptions est de garantir le même mode de fonctionnement dans toute la Suisse – de Genève à St. Gall, de Bâle à Chiasso. Partout, les procédures sont censées fonctionner avec les mêmes exigences de qualité.

La collection des prescriptions de service est composée de trois groupes : les prescriptions A, B et C. Les différentes prescriptions sont indiquées par un nombre. Tous les règlements concernant la relation entre les PTT et le domaine public sont regroupés dans les prescriptions A, les Prescriptions générales de service. Ainsi, l’A 1, l’Ordonnance sur les postes, constitue l’ouvrage de base pour le service postal. S’y trouvent la Loi fédérale sur le service des postes ainsi que des indications sur la régale des postes qui détaille les tâches devant être accomplies par les postes. L’A1 contient également des prescriptions relatives au maintien du secret postal. Dans le domaine des Telecom PTT, l’A 100, les Prescriptions concernant les services des télécommunications, est particulièrement importante : elle contient la loi sur les télécommunications.

Les prescriptions B, les Prescriptions relatives aux services d’administration et d’exploitation, règlementent l’organisation administrative des PTT et les démarches de travail au sein de l’entreprise. Parmi ces prescriptions, la plus importante pour le domaine postal est la B 21, le Règlement d’exploitation pour le service postal. En tant que base de travail pour tous les employé-e-s de la poste, elle est disponible dans chaque bureau. Le domaine PTT Telecom dispose également de prescriptions précises. Elles règlent par exemple le travail des téléphonistes ou la construction de lignes téléphoniques.

Dans les prescriptions C, les Prescriptions concernant le personnel, tous les droits et devoirs du personnel des PTT sont inscrits.

Prescriptions sur le positionnement du cachet de la poste selon la disposition des timbres. B21, Règlement d'exploitation pour le service postal, 1987

Même l'oblitération fait l'objet de réglementations.

A côté de la collection de prescriptions décrites ci-dessus, les PTT publient un autre type de prescriptions : les Bulletins d’entreprise des PTT. Ces bulletins contiennent des informations actuelles destinées au personnel. On y trouve par exemple des indications sur les nouveaux vêtements de fonction, les maisons de vacances des PTT ou de nouvelles instructions de la part de la SUVA ou de l’assurance chômage.

Finalement, certaines prescriptions des PTT concernent directement le domaine public. Ces dernières sont publiées dans la Feuille officielle des PTT et comportent entre autres des informations sur l’inventaire des bureaux de poste, des avis de recrutement ou des innovations dans le domaine de la communication internationale.

Guerre froide de l'emballage

Dans leur bulletin d'entreprise de 1965, les PTT déclarent que les lettres et les paquets envoyés en RDA ne peuvent être emballés dans du papier journal. Selon ce bulletin, ce genre d'emballage pourrait amener à la confiscation de l'envoi par les autorités de la RDA – par crainte de propagande occidentale.

22/25

Dominic Fleury:

«Ils ont voté à 10 contre 1: les prescriptions sont à suivre à la lettre!»

Prescriptions

Le car postal, de la diligence aux communautés tarifaires

Tout le monde connaît le car postal, sa couleur jaune et l’avertisseur à trois tons. Mais qui connaît son histoire ? Des échecs du début du XXème siècle au grand retour après la première guerre mondiale jusqu’à la libéralisation en 1997, partez pour un court voyage dans le passé.

L’une des tâches de la régie fédérale des Postes introduite en 1849 est celle du transport de voyageurs en Suisse. Au début, les courses se font en diligences postales avec des chevaux : c’est la poste hippomobile. Les diligences postales vont compléter le réseau nouvellement couvert par le chemin de fer introduit durant la même période. Au tournant du siècle, la poste hippomobile atteint les limites de ses capacités : bien que la demande soit de plus en plus grande, le prix des billets ne couvre pas tous les frais engendrés. Les pertes financières sont de plus en plus importantes. Les premiers essais d’automobiles prennent alors place, et en 1906, la première course postale automobile est introduite. La perplexité au sein de la population est grande, les pannes fréquentes, la sécurité moindre et les coûts pour la régie des cars postaux très hauts. Trois ans plus tard, la Direction générale des PTT stoppe le trafic d’automobiles et ceci jusqu’en 1918.

Un des premiers cars postaux, 1907

Cette photo montre un véhicule Saurer 2656 au vieux pont de Kappelen à Berne-Eymatt. Il circulait sur la première ligne de bus Berne-Detligen.

Dès la fin de la première guerre mondiale, l’automobile est de retour, et cette fois-ci pour de bon, grâce à un important don de châssis de l’armée suisse. L’entre-deux-guerres est marqué par un essor fulgurant des courses postales : la régie des PTT n’arrive plus à satisfaire cette demande. Elle mandate donc des entreprises de transports privées – les entrepreneurs de cars postaux – qui roulent sous le nom des PTT. Des inspecteurs des services automobiles de la Direction générale des PTT sont mis en place dans les différentes régions afin de régler et d’homogénéiser l’ensemble de la « classe jaune ». Le personnel de conduite, qu’il travaille pour la régie des PTT ou un entrepreneur de cars postaux, est responsable de son véhicule, des passagers qui y siègent, d’un service technique quotidien minimum, d’une sécurité routière exemplaire et du maintien de la cadence horaire. Les collaborateurs des cars postaux sont entraînés au fil des décennies dans de grands développements techniques et sociaux : notamment lors de l’introduction de l’horaire cadencé des CFF, ou par la suite, lorsque les communautés tarifaires sont créées. De plus en plus de kilomètres sont parcours et les cars postaux ne sont bientôt plus seuls sur les routes. Depuis la libération des marchés en 1997 et la fin de la régie fédérale des PTT, le car postal doit se battre contre une concurrence toujours plus rude dans le milieu des transports publics.

La mobilité pendulaire est devenue une réalité quotidienne depuis la fin des années 1950, celles-ci marquant le grand boom de la densification des lignes et de leur régularité. Vivre à la campagne et travailler en ville est devenu de plus en plus commun. Les cars postaux soutiennent ce mode de vie en se proposant comme moyen de transport reliant centres et périphéries. Les écoliers prennent le car postal pour aller à l’école, les parents pour aller faire les achats en ville et pour y travailler. Le weekend, on prend le car postal pour une excursion dans la nature. Service public, moyen de transport, le car postal se présente comme une institution sociale. Depuis plus d’un siècle, il est un symbole fort, pilier d’un imaginaire et il marque le quotidien de milliers de Suisses et Suissesses.

Un car postal dans le Val d’Anniviers, Valais, carte postale publicitaire, 1986

Jusque dans les années 1950, au signal « tu-ta-too », les voitures doivent changer de côté de route et laisser le car postal rouler du côté de la montagne pour permettre le croisement et une sécurité optimale. Dès l’élargissement de certaines routes et l’amélioration des automobiles postales, ce croisement n’est plus nécessaire, l’avertisseur est aussi de moins en moins utilisé.

23/25

Marianne Wenger:

«Je veux rouler en jaune»

Petite histoire du car postal

La centrale téléphonique au Palais fédéral

La centrale téléphonique du Palais fédéral – au cœur du pouvoir politique suisse – se différencie à plusieurs égards d’une centrale téléphonique standard. Elle est l’un des lieux de communication à la fois hautement indispensable et discret du Palais fédéral.

Le Palais fédéral est raccordé au réseau téléphonique en 1881 lors de l'introduction de la téléphonie à Berne. En 1923, une première centrale téléphonique automatique comprenant 600 lignes est installée au Palais fédéral. Le besoin de l'administration fédérale en lignes téléphoniques augmente constamment : leur nombre passe de 2100 en 1940 à 3500 en 1954. Une extension importante a également lieu en 1974. L'installation téléphonique de la maison est alors dotée en tout de 8000 appareils : lors de son inauguration, elle est la plus grande centrale de ce genre en Suisse. L'administration fédérale reçoit non seulement ses propres centrales téléphoniques – dont la plus importante se trouve au Palais fédéral – mais également son propre réseau câblé. Si, lors de la mise en route de l'installation, on avait estimé qu'on allait pouvoir l'exploiter jusqu'au millénaire suivant, elle est dépassée techniquement et surchargée dans les années 1990 déjà. Le Conseil fédéral et le Parlement repensent en 1991 la communication électronique de l'administration fédérale (KOMBV1). Dès l'automne 1995, de nouvelles centrales téléphoniques entrent en service.

La centrale téléphonique de l'administration fédérale

«Une installation moderne et un espace de travail de bonne qualité faciliteront certainement la tâche aux téléphonistes.» Légende de l'image dans le Bulletin technique des PTT, 1974.

L’infrastructure téléphonique du Palais fédéral est directement impliquée dans des scandales politiques. C’est par exemple un appel téléphonique qui fait tomber la première Conseillère fédérale suisse, Elisabeth Kopp. Lors de la séance matinale du 27 octobre 1988, une collaboratrice informe la Conseillère fédérale que des accusations de blanchiment d’argent sont formulées contre une entreprise dans laquelle son mari, Hans W. Kopp, est le vice-président du conseil d’administration. Suite à cette séance, la Conseillère fédérale téléphone à son mari et lui demande se retirer du mandat administratif de cette entreprise. L’éventuelle implication du mari de la Conseillère fédérale dans des histoires de blanchiment d’argent provoque un scandale médiatique important. Cependant, l’appel téléphonique que Mme Kopp lance à son mari depuis le bureau du Conseil fédéral reste dans un premier temps caché du public. Par la suite, le 9 décembre de la même année, un quotidien relate que des informations internes au département de la Conseillère fédérale Kopp ont été transmises à son mari : l’affaire est relancée. L’appel téléphonique est perçu comme une violation du service secret de fonction. Le même jour, Elisabeth Kopp déclare dans une conférence de presse qu’elle a en effet informé son mari personnellement de cette affaire. Elle nie cependant avoir eu connaissance de l’origine de l’information interne au département. Sous pression publique et médiatique, Elisabeth Kopp démissionne de sa fonction quelques jours plus tard, le 12 décembre 1988. Orpheline du soutien du Conseil fédéral et de son propre parti, elle ne peut faire autrement.

De par sa fonction, le chef technique de la centrale téléphonique du Palais fédéral, Herbert Stucki, se trouve indirectement lié à ce genre de scandales.

25/25

Herbert Stucki:

«A l’époque, le mot d’ordre était ‘discrétion’.»

Palais fédéral